mercredi 13 avril 2011

The National ou la morsure du vent

Le groupe The National fait frémir les fans à travers toute l’Europe. Stéphanie L. se souvient d’un concert à Luxembourg en novembre dernier. Ce bel indie-band, formé à Cincinnati mais basé à Brooklyn, dirigé par le séduisant Matt Berninger, est programmé à Sziget en août.
« Il est 19 heures et des poussières, un vendredi 19 novembre froid comme la Lune. Le ciel est bleu de Prusse, tâché d’ecchymoses jaunâtres tirant vers le vert, un peu d’orange, et ces nuages si denses, presque noirs, qui n’étouffent pourtant pas l’horizon. Mon père conduit en respectant – presque – les limitations de vitesse. Dans le lecteur CD, tournent à tour de rôle les disques rock de The National. J’ai hâte. Cela fait plus d’une heure que nous avons quitté Bruxelles, où le groupe se produira dimanche.
Mais sold-out oblige, nous voici en route pour la salle de concert la plus proche : L’Atelier du Luxembourg. À destination, une foule se presse devant le lieu. Ici aussi, c’est sold-out. Après quelques minutes d’attente dans la cour, à grelotter de froid et d’impatience, les portes s’ouvrent. Je n’ai jamais fait de concert seule, à part en festival. L’attente est comme démultipliée. Je tue le temps entre le bar et l’échoppe marchandising. J’achète un t-shirt illustrant le morceau Lemonworld. C’est mon côté groupie de 16 ans et demi. Le silence se rompt, les gens se dirigent peu à peu dans la petite salle. Phosphorescent en première partie. Le groupe folk/alternative country vient aussi de Brooklyn.


Chanson après chanson la foule se presse un peu plus contre la scène et contre les rambardes du balcon. Après l’entracte, je me retrouve coincée entre deux couples, trois amis et une bande de buveurs de bière. Condamnée à me hisser sur la pointe des pieds pour distinguer qui des roadies ou des musiciens arpentent la scène. Comme toujours. Mais par miracle, aux premières notes de Runaway, les têtes des géants qui se trouvaient devant moi se sont écartées. Et au bout de cette mer humaine : Matt Berninger, Aaron et Bryce Dessner, Bryan et Scott Devendorf. Manifestement heureux d’être là et content de l’accueil du public, le groupe raconte quelques anecdotes et plaisante sur la taille du pays dont il est ce soir l’invité.
Forts de leurs cinq albums, les cinq Américains ont de quoi nous charmer. Les chansons qu’ils égrènent sont principalement issues du dernier opus en date, High Violet. Ils n’omettront d’ailleurs que Little Faith. Mais le sublime Boxer est également bien représenté avec Mistaken For StrangersSlow ShowSqualor VictoriaApartment Story et Fake Empire que nous connaissons tous par cœur, semble-t-il. En réalité, seul le premier album demeurera en reste, puisque le groupe ressortira Available de Sad Songs For Dirty Lovers et trois morceaux d’Alligator : Mr. NovemberDaughters Of The Soho Riots et Abel que Matt Berninger chante, survolté, au milieu de la foule, en traversant la salle en long, en large et en travers.
Le concert s’achève en délicatesse avec un Vanderlyle Crybaby Geeks unplugged d’une beauté et d’une émotion intense, durant lequel personne ne peut s’empêcher de fredonner les paroles pour accompagner la voix de baryton de Matt Berninger. En sortant de l’Atelier, j’ai du mal à savoir si la chair de poule qui recouvre ma peau est un reste de The National ou juste une morsure du vent de novembre… » 

Texte Stéphanie Linsingh / Photos Vince Kmeron
A lire sur le blog du festival Sziget

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