lundi 11 avril 2011

Formes sonores et oeuvres de l’ombre

Des inventions méconnues. Harmonographe, eidographe, une artiste encore inconnue, Ursula Bogner. À découvrir ce printemps au CEAAC.

L’Anglais Nick Laessing et l’Allemand Jan Jelinek ont pour point commun cette passion pour les petites histoires oubliées de la création artistique et de l’invention technique. L’exposition Mélodie : toujours l’art des autres dépoussière les œuvres d’Ursula Bogner et lève le voile sur deux fascinantes inventions que sont l’harmonographe et l’eidographe.

Ursula Bogner cachait sous ses airs de simple bourgeoise une passion débordante pour la musique électronique. À 20 ans, elle étudie la pharmacologie. Mais elle suit aussi les activités du Studio für Elektronische Musik à Cologne, elle participe aux séminaires du Studio Herbert Eimert et se montre fascinée par la musique concrète. Plus tard, elle découvre la new wave anglaise grâce à ses enfants et construit même son propre studio ; lieu qui abrite essais, expériences et enregistrements. « Elle aimait entre autres jouer avec des synthétiseurs », confie le fils Bogner à Jan Jelinek. Ces créations ne quitteront cependant jamais le studio. Ursula Bogner n’avait pas cette ambition. D’autres passions la dévoraient : la peinture, l’impression, l’orgonomie et l’ésotérisme. Jan Jelinek est tombé sous le charme des créations novatrices de cette musicienne des années 70. À travers l’exposition Mélodie : toujours l’art des autres  – le titre est une citation de la cartothèque d’Ursula Bogner, il a voulu rendre hommage à ce talent passé inaperçu, en montrant des photographies, ladite cartothèque, et en proposant l’écoute de morceaux réédités par ses soins.

Nick Laessing, lui, s’est penché sur deux inventions captivantes liées au son et à sa représentation. Son envie ? Montrer la beauté du phénomène scientifique. L’harmonographe est un mécanisme composé de pendules dont l’oscilliation dessine des motifs qui correspondent aux harmonies du bâtiment dans lequel se trouve le dispositif. Un harmonographe spécifique à l’espace du CEAAC sera constuit. L’eidophone, quant à lui, est une invention que l’on doit à Margaret Watts Hugues, une chanteuse anglaise de la fin du XIXe siècle. Lorsqu’elle chantait, sa voix faisait vibrer une membrane sur laquelle était posée de la pâte d’aquarelle. En fonction des tonalités, les motifs qui apparaissaient différaient. « Elle était capable de chanter des fleurs », selon Nick Laessing. Ces inventions sont pour lui le reflet d’une « nostalgie du temps où le profane était encore capable d’innovations scientifiques et où l’on considérait les utopies esquissées par ces découvertes comme sérieuses ».




MELODIE : TOUJOURS L’ART DES AUTRES 


exposition du 12 mars au 22 mai au CEAAC, à Strasbourg

Texte Stéphanie Linsingh / Visuel Ursula Bogner (pièce de sa cartothèque)
A lire dans le magazine NOVO n°13

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