dimanche 25 septembre 2011

Au diable l’âme


Stravinsky, compositeur pluriel, ouvre la programmation 2011/2012 de l’Opéra national de Lorraine, avec The Rake’s Progress, Les Noces et Le Sacre du Printemps. Le cycle s’amorce avec la fresque d’un libertin en perdition.

Des ballets aux musiques religieuses, des compositions pour orchestre aux opéras, la carrière d’Igor Stravinsky est faite de mutations stylistiques. Entre une messe et une cantate, à la croisée de la période néo-classique du compositeur russe et de sa période sérielle, un ovni : The Rake’s Progress, truffé de références aux Don Giovanni et Così fan tutte de Mozart. Cet opéra en trois actes de 1951, dans lequel s’entremêlent adroitement drame et éléments comiques, donne vie à une série de huit gravures évocatrices de l’artiste anglais William Hogarth et dépeint avec mordant les tribulations d’un garçon crédule appâté par le gain, le plaisir, la reconnaissance et la liberté. Tom Rakewell (ténor), « le bien débauché », doit épouser Anne Trulove (soprano), « véritable amour ». Mais il refuse l’offre d’emploi que le père de la jeune fille (basse) lui propose et préfère partir sans elle à Londres, sur les conseils d’un certain Nick Shadow (baryton), incarnation du diable, afin d’hériter de la fortune immense d’un oncle inconnu. Nick pousse Tom au libertinage et l’encourage à fréquenter le bordel de Mother Goose (alto), avant de le convaincre d’épouser une femme à barbe. Il exploite ensuite la naïveté du garçon et l’incite à dépenser jusqu’à son dernier penny dans une machine qui transformerait miraculeusement les pierres en pain. Se voyant déjà bienfaiteur de l’humanité, Tom se ruine et c’est alors que Nick lui propose une chance de rachat : une annulation de dette contre son âme jouée aux cartes. 


The RAKE’S PROGRESS
opéra les 29 et 30 septembre et les 2, 4 et 6 octobre à l’Opéra national de Lorraine, à Nancy

Texte Stéphanie Linsingh / Photo Jef Rabillon
A lire dans le magazine NOVO n°16