vendredi 15 avril 2011

La griffure du temps


L'instant est au quasi-recueillement : les craquements provoqués par la griffure de l'aiguille des vieux pick-up sur les microsillons des 78 tours et la voix de Peggie Lee rompent un silence d'or. Pour la performance Les Aiguilles du passé, Philippe Poirier a investi le Môle Seegmüller ; dans ce lieu déserté, il a fixé sur la pellicule Super 8 la poussière accumulée par le temps. Y résonnent cependant les sons d'antan et y apparaissent des images qu'on croyait oubliées : des vieux posters de John Lennon ou Jimmy Page accrochées sur du papier peint par un jeune résident inconnu, dans une pièce au-dessus. Débute alors une plongée aux sources du blues, du jazz et naturellement du rock, avec l'évocation imagée de tant de figures tutélaires, ici Rahsaan Roland Kirk, là Jimi Hendrix, entre autres géants de la musique. Au coeur du festival Ososphère qui révèle une fois de plus la richesse des arts numériques, ces images Super 8 et ce son des vinyles cultivent le paradoxe ; ils n'en touchent pas moins la très belle assistance d'un soir et laissent en elle une trace émotionnelle durable. (Article d'Emmanuel Abela à retrouver dans le Zut ! n°9)







Texte Emmanuel Abela / Photo Stéphanie Linsingh
A lire dans le magazine ZUT n°9

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire