mardi 27 mars 2012

Les voix de la raison

Jouée pour la première fois en 1917, La Rondine n’est peut-être pas l’œuvre la plus connue de Puccini, mais elle avait le mérite d’aller à l’encontre de ce que le compositeur appelait « l’horrible musique du temps présent », celle de la guerre.



Les hirondelles sont avides de liberté, mais paradoxalement fidèles à leur nid ; au détour d’une anecdote, José Cura résume l’intrigue de La Rondine. Cette comédie lyrique en trois actes est en réalité une simplissime histoire de cœur. Madga, une courtisane parisienne alors entretenue par le riche banquier Rambaldo ne rêve que d’amour. Elle s’éprendra du jeune Ruggero et le suivra jusque Nice avec la complicité de sa femme de chambre Lisette et du poète Prunier. Mais après quelques mois de romance et d’endettement, rattrapée par le passé qu’elle avait jusqu’alors caché, elle quittera Ruggero et retournera dans sa cage dorée. Le sujet semble peut-être éculé, comme le fait d’ailleurs remarquer Rambaldo au début du premier acte, mais comme le reprend Magda : « l’amour est toujours idée nouvelle ». La force de Puccini est d’avoir réussi à dépeindre des sentiments complexes et à les marier à une musique légère, teintée de valse et ponctuée de hardiesses harmoniques et rythmiques. Pour La Rondine, José Cura prend en charge la direction musicale, la mise en scène, les décors et les costumes. L’artiste éclectique est aussi, et avant tout, un ténor au talent indéniable. La diversification l’empêche certainement de se retrouver enfermé, comme une hirondelle, dans l’une ou l’autre cage dorée. 



José Cura (© Cuibar Productions / Ben Cura)


La RONDINE (L'HIRONDELLE), 
opéra les 6, 8, 10, 11, 13 et 15 mai à l’Opéra national de Lorraine, à Nancy

Texte Stéphanie Linsingh / Photo Ben Cura (Cuibar Productions) 
A lire dans le magazine NOVO n°19