Francesco Tristano fait fi des frontières entre genres
musicaux. Réduites à néant, elles permettent au jeune pianiste luxembourgeois
de s’épanouir au sein des répertoires baroques, classiques, contemporains, jazz
et électroniques. La convergence des univers des deux compositeurs n’a pas la
provocation pour dessein. Pour Tristano, il existe un lien entre les œuvres de
Jean-Sébastien Bach et celles de John Cage ; des éléments mélodiques,
rythmiques et thématiques se font écho, selon lui. Il est vrai que l’on peut
trouver des similitudes dans l’approche mathématique de la composition, mais
aussi dans les instruments. Les pianos du XVIIIe siècle, sur lesquels jouait
Bach, possédaient des sons changeants et de riches gammes de couleurs. Ils
étaient même parfois dotés de mécanismes qui actionnaient clochettes et
percussions. Cage, quant à lui, jouait sur des pianos dits
« préparés ». Il insérait entre les cordes des boulons, des vis, des
pièces de monnaie, pour modifier les sons émis. Pour bachCage, Francesco Tristano et Moritz von Oswald ont préféré
travailler à postériori, en usant de l’informatique, de dispositifs
électroniques et de machines analogiques. Sur les pièces de Bach, les sons ont
été soumis à une amplification douce, tandis que l’ensemble du concert est traité
en temps réel. Comme Tristano le dit lui-même, « il s’agît pratiquement d’une mise en scène acoustique et
lumineuse de pièces de Bach et de Cage », dans laquelle les ruptures
sont gommées au profit des similitudes.
bachCage,
concert le 3 octobre à l’Arsenal, à Metz
Texte Stéphanie Linsingh / Photos Aymeric Giraudel
A lire dans le magazine NOVO n°21