Dès les années 80,
vous avez travaillé avec Twyla Tharp. Comment vos routes se sont-elles croisées
et quelle relation avez-vous désormais ave elle ?
Nous nous sommes rencontrées lorsque j’étais au New York City
Ballet. Jerome Robbins [ndlr. : le directeur adjoint et maître de ballet]
l’avait invitée pour une collaboration autour du ballet Brahms/Handel. Ils ont créé beaucoup de variations très
intéressantes sur ce thème. C’est à partir de cet instant que nous avons
commencé à travailler ensemble. Quelques années plus tard, j’ai quitté le New
York City Ballet et je suis allée travailler avec elle. Nous avons tourné avec Barychnikov, travaillé
sur un film, réalisé différents projets… Bien que notre relation soit
essentiellement professionnelle, je me sens très proche de Twyla. C’est une
personne hors du commun.
Comment décririez-vous
son travail et le vôtre ?
Son œuvre est difficile à décrire, tant elle a travaillé sur
de multiples supports. Elle a conçu des chorégraphies pour la télévision et le
cinéma, ainsi que pour la scène. Son travail est basé sur le processus ;
chaque jour être au studio, créer, construire… Elle se voue entièrement à son
art. C’est une personne très intéressante, incroyablement intelligente. Elle
est fascinante. Quant à moi, je ne suis pas chorégraphe. J’ai créé quelques
pièces, mais je ne me considère pas comme une chorégraphe. Je suis davantage
une répétitrice, je monte des ballets. Quand quelqu’un souhaite programmer un
ballet, il engage une personne de ma profession pour venir enseigner la
chorégraphie aux danseurs et obtenir une production prête pour la scène.
Comment est-ce de
remonter un ballet d’une personne avec qui on a étroitement collaboré ?
Au début, j’étais très nerveuse, je voulais juste faire les
choses correctement. Mais Twyla m’a soutenue, me rappelant que j’avais
travaillé avec Balanchine et Jerome Robbins et elle m’a encouragée à suivre mon
instinct. Lorsque j’ai commencé la mise en scène, elle m’a guidée et m’a
conseillé de relâcher le contrôle, de laisser expérimenter les danseurs. Pour
moi, ça a été une grande étape de les laisser prendre possession de
l’œuvre ; à un moment donné, il faut les laisser trouver leur voie. Elle
m’a appris à diriger et elle continue à être un professeur et un guide pour
moi.
Quelle est la chose
la plus enthousiasmante dans In The Upper
Room selon vous ?
Je pense sincèrement que ce ballet est un chef-d’œuvre. La
chorégraphie est fantastique, la musique de Philipp Glass est
merveilleuse, les costumes de Norma
Kamali sont beaux, les lumières de Jennifer Tipton sont atmosphériques… La
combinaison est parfaite ! Selon moi, c’est aussi extraordinaire de voir
ce ballet que de le danser. Il dure 40 minutes et il y a tellement de niveaux
physiques à franchir, qu’en tant que danseur, on ressent un sentiment
d’accomplissement ; c’est comme courir un marathon et franchir la ligne
d’arrivée. C’est merveilleux d’assister à cela en tant que membre du public.
(Un aperçu d'une prestation précédente ICI.)
In The Upper Room,
danse du 4 au 7
avril 2013 au Ballet de Lorraine, à Nancy
Texte Stéphanie Linsingh / Photo M. Rousseau
A lire dans le magazine NOVO n°24