samedi 22 novembre 2014

Ô rage



Гроза, en russe, signifie autant l’orage que l’effroi. C’est d’une pièce d’Ostrovski intitulée ainsi que s’est inspiré Leoš Janáček pour Káťa Kabanová. Dix-sept ans après le succès de Jenůfa, le compositeur tchèque dévoile une nouvelle héroïne emblématique. Dans une province rurale de Russie, au bord de la Volga, on se heurte au destin de Káťa. Prise au piège dans un mariage malheureux avec Tichon, elle doit surtout subir sa belle-mère toxique : Kabanicha. En l’absence de son époux et confrontée à la vacuité de son existence, Káťa succombe au charme de Boris, un jeune moscovite qui la courtisait. Mais au retour de Tichon, Káťa est prise de remords. Elle ne peut s’empêcher de révéler son adultère. L’orage éclate, le poids de sa conscience l’écrase et seule la Volga peut engloutir son chagrin. L’opéra de Janáček dépeint sombrement un milieu au sein duquel les individus sont rendus prisonniers de la morale et de la religion, conditionnés par la peur du jugement, par l’effroi. Káťa, touchante de sincérité, est un personnage attachant. Sous les traits d’Andrea Dankova, elle erre dans un décor où l’eau et la nature sont omniprésentes. À la mise en scène, on retrouve Laurent Joyeux, directeur général et artistique de l’Opéra de Dijon, qui avait relevé le défi du Ring de Wagner l’année passée. Avec Káťa Kabanová, il offre un accès à l’univers de Janáček, à l’occasion de la saison tchèque de l’opéra dijonnais.

Káťa Kabanová
les 20, 22 et 24 janvier 2015 à l’Opéra de Dijon.

Texte Stéphanie Linsingh / Photo Gilles Abegg 

À lire dans le magazine NOVO n°32

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