mercredi 3 avril 2013

(Né) cécité

Tchaïkovski, uniquement auteur d’œuvres instrumentales ? Détrompez-vous. On lui doit tout de même dix opéras, dont Iolanta, son petit dernier.  Une création atypique, vu le répertoire du compositeur, à (re)découvrir à l’Opéra national de Lorraine.


Peut-on avoir envie d'une chose dont on ignore l'existence ? Pourquoi la vue nous manquerait-elle si nous pensons qu'il n'existe que quatre sens ? Qu'est-ce qui nous pousserait à voir... si ce n'est l'amour. C'est l'histoire de Iolanta. Née aveugle et surprotégée par son roi de père ; la réalité étouffée et réinventée, où les yeux ne servent qu'à pleurer. Au sein du royaume, nul n'a le droit de mentionner la lumière, les couleurs ou la vision. Mais Iolanta ressent un vide inexplicable, exprimé au début de l’acte unique dans un arioso émouvant. Le roi René, espérant remédier à l’infirmité de sa fille fait appel à un guérisseur maure, Ibn-Hakia. Et celui-ci d’annoncer au souverain, en un arioso d’inspiration orientale, que pour recouvrer la vue, Iolanta doit prendre conscience de son handicap et désirer guérir. Le roi écarte cette suggestion : révéler sa cécité à Iolanta pourrait l’anéantir. Pourtant, lorsque l’amour naîtra entre elle et un certain comte Vaudémont, sur un thème délicat en sol majeur, cette certitude sera ébranlée… Mais qu’est-ce qui pourrait motiver la jeune fille à voir ? Et que deviendrait son monde ? Tchaïkovsky a composé cet opéra aux allures de conte simultanément avec le ballet « Casse-noisette ». Comme toute fable, Iolanta possède plusieurs niveaux de lecture, une morale universelle, un symbolisme psychanalytique, le reflet d’une réalité.



iolanta,

opéra le 30 avril et les 2, 5, 7 et 9 mai 2013 à l’Opéra national de Lorraine, à Nancy


Texte Stéphanie Linsingh / Photo Rifail Ajdarpasic

A lire dans le magazine NOVO n°24

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