jeudi 17 novembre 2011

Transie d’espoir


La petite mendiante d’Andersen craquera ses dernières allumettes à l’Arsenal, dans un crépitement de poésie. Loin de l’accablement ou de tout théâtre moral, la compagnie théâtrale L’Escabelle rend hommage au pouvoir de l’onirisme enfantin.


La petite marchande d’allumettes de ce siècle ne subit plus son destin, elle provoque l’imaginaire et tire la langue à la froideur et à l’avidité de notre monde. Elle brûle ses précieuses allumettes, son gagne-pain, afin d’assouvir un besoin tout aussi vital que celui de manger, boire ou avoir chaud : celui de rêver. Heidi Brouzeng, la conceptrice et interprète d’Une vendeuse d’allumettes nous confie que le conte d’Andersen l’a beaucoup touchée et fait écho à une histoire qu’on lui a rapportée : « On raconte que durant la seconde guerre mondiale, une famille juive se cachait et était très rationnée en nourriture. Cependant, tous les jours, le père prenait de la mie de pain pour en faire des marionnettes et inventer des histoires à ses enfants. J’y retrouve ce besoin très impérieux, évoqué dans le conte, de rêver, de s’extraire de la misère et de se projeter dans un monde plus beau ». Pour la compagnie théâtrale L’Escabelle, la vendeuse d’allumettes a les cheveux bleus et de grands yeux. Un clin d’œil aux mangas histoire de permettre aux enfants de s’identifier à elle de manière positive : elle est une héroïne et malgré le drame qu’elle vit, elle est pleine de vitalité et a une grande soif d’amusement. « Puis, en l’absence de texte, il fallait que la narration passe par d’autres médias », explique Heidi Brouzeng, « d’où ce référent manga, les allégories, l’atmosphère lumineuse et sonore, la chorégraphie qui accentue le dessin corporel déjà exagéré, grandi comme dans un théâtre masqué. » Tout est mis en œuvre pour rendre le personnage onirique. D’ailleurs, sur le masque que porte l’interprète, le trait le plus accentué n’est autre que le regard.


une vendeuse d’allumettes,
théâtre le 26 novembre à l’Arsenal, à Metz

Texte Stéphanie Linsingh / Photos Arnaud Hussenot Desenonges
A lire dans le magazine NOVO n°17

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